Après
seize ans d’absence Béatrice revient avec sa fille, dans la maison de son
enfance. Elle pense y trouver la sérénité, mais des souvenirs viennent troubler
cette paix.
Sa fille n’acceptant pas du tout la
vie à la campagne, se rebelle, mais la rencontre d’un nouvel ami va changer son
comportement.
Tout semble aller pour le mieux mais
Béatrice va vivre des événements qui vont bouleverser sa vie.
-o-o-O-o-o-
Ce matin, Nicole se rend à la ville
proche. Elle a une chose importante à faire, et cette chose est d’une
importance primordiale. Cela lui répugne, mais dans son for intérieur, elle
sait qu’elle doit le faire. Il y a déjà pas mal de temps qu’elle a accepté que
le cancer qui la ronge, finira par mettre fin à sa vie. Alors, pendant qu’il
est encore temps, elle doit mettre ses affaires en ordre.
Premier passage à l’hôpital voir le
professeur. Il n’a pas de bonne nouvelle pour elle, et confirme ce qu’elle
savait depuis longtemps. Qu’il ne lui reste pas beaucoup de temps avant de
rejoindre son mari et sa fille. Elle ne s’apitoie pas sur son sort, et se rend
à son deuxième rendez-vous. Elle doit prendre soin de son petit-fils et de son
gendre. Son notaire l’attend. Il a préparé les papiers qu’elle avait demandés.
Leur signature ne dure pas longtemps, et elle ne s’attarde pas chez lui. Mais
avant de partir, elle lui confie une lettre.
– Vous la remettrez à mon gendre
lors de l’ouverture de mon testament, lui dit-elle en lui donnant une enveloppe
portant la mention « À n’ouvrir qu’après
ma mort ».
– Je n’y manquerai pas, mais le plus
tard possible. Vous êtes encore de ce monde.
– Pour peu de temps maître, pour peu
de temps.
Après ces deux rendez-vous, elle s’octroie une pause, et
va déjeuner dans un restaurant chic du centre ville. Elle prend son temps, et
ne sort de table qu’après quinze heures. Partant à pied elle flâne dans les
rues commerçantes et fait du lèche-vitrine. Cela fait bien longtemps qu’elle ne
s’est adonnée à ce passe-temps. Elle craque pour une superbe robe qu’elle
s’empresse d’acheter. La journée tire à sa fin mais la chaleur du mois d’août
la fatigue un peu. Elle s’arrête dans une brasserie et commande une boisson
fraîche. Installée sur la terrasse à l’ombre des platanes, elle observe la vie
autour d’elle. Pas de jalousie, pas de chagrin non plus, juste quelques
regrets. La soirée arrive sans que Nicole bouge de cette terrasse, et bientôt
la nuit tombe. Les lumières de la ville brillent de mille feux dans ses yeux. À
contrecœur elle s’en retourne, prenant la route pour rentrer chez elle. Elle
n’a jamais aimé conduire la nuit, même lorsqu’elle était de service le soir à
la maternité. Elle ne roule pas vite, personne ne l’attend à la maison. Mais le
ronronnement du moteur, la chaleur de la nuit font que bien vite elle
s’assoupit. Elle évite l’accident de justesse en se réveillant au son du klaxon
de l’automobiliste venant en sens contraire. Elle se reprend, bouge sur son
siège, se frotte les yeux, mais bien vite le sommeil reprend le dessus, et
malgré les appels de phare et les coups de klaxon qui la réveillent elle ne
peut éviter le choc. Elle ressent une vive douleur à la poitrine et entend
l’horrible bruit de la tôle qui se déchire, des freins qui hurlent et des pneus
qui crissent sur le bitume. C’est le choc de la tête sur le montant de la
portière qui l’assomme à moitié, c’est la lumière des phares qui l’éblouissent
donnant à cette scène des allures de cauchemar. Les images défilent au ralenti
devant ses yeux. Elle ne ressent aucune douleur lorsque tout s’arrête et que le
bruit cesse, remplacé par le silence oppressant d’après la tempête. Bien vite
la douleur se réveille, tout son être lui fait mal. Elle a du mal à respirer.
Son cœur s’affole, cherchant dans ce chaos à battre. Ne trouvant plus la force
de continuer à insuffler la vie dans ce corps brisé, il s’arrête soufflant
l’étincelle de vie encore visible dans les yeux de mamie Nicole.
Extrait de "La Ferme du Ruisseau"
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